Il y a à peine cinq heures, je suis allée prendre un verre avec des collègues de boulot. C'est la première fois que je les voyais en dehors du travail. Il faut dire que cela fait peu de temps que je travaille avec eux, mais je me suis tout de même assez bien intégrée pour la dernière arrivante: je connais quasiment tout le monde assez bien (et je pense être appréciée). Bref, malgré une certaine timidité, avec des efforts et beaucoup d'humour je me suis ouverte assez facilement. Et voilà qu'en arrivant aujourd'hui, on m'invite à aller boire un coup après le boulot. J'ai dit oui sans même réfléchir.
Une fois sortie, et tout le monde regroupé, on est partie sous la pluie battante dans un petit bistrot fort bruyant. Un café aux noisettes, un thé, deux verres de vin blancs et un de rouge, une barquette de fritte et un fromage chaud plus tard la conversation avait bon train malgré la fatigue. On était cinq, moins que prévu à cause du temps, la plupart s'étant réfugiés chez eux, au chaud. La conversation a tourné autour d'une des filles qui passe un entretient demain, une fois qu'elle aura dit au revoir à son compagnon qui part trois mois en hollande. On s'entend bien toutes les deux, on se ressemble sur pas mal de point, résultat on se comprend bien. C'est agréable de parler avec elle même les jours où le moral est en vacances ailleurs. Les larmes aux yeux, elle s'est livrée.. ses excuses avec.. alors qu'on sait tous très bien qu'un être humain a ses hauts et ses bas. A a du mal à accepter le changement ou du moins à le gérer: à gérer le départ de son copain, le passage des études à la vie active, à perdre la plupart de ses repères, peut être aussi de l'équilibre qu'elle s'était formée. Elle m'a énormément touchée. On a discuté jusqu'au métro toutes les deux, puis après lui avoir souhaité bonne chance pour tout, je suis rentrée de mon côté à pied remontant cette grande avenue à pied.
"Tu imagines si les gens étaient parfaits, ça serait sacrément chiant. Non seulement on complexerait à mort mais en plus tout deviendrait plat" -éclats de rire-
Une fois rentrée, je me suis fait en vitesse à manger, et je me suis installée devant Elephant man de David Lynch. J'avoue: j'ai pleuré de rage, de tristesse, et d'émotion. C'est un film magnifique, prenant et qui m'a marqué. On y voit la monstruosité mais aussi toute la beauté humaine. Un film en noir et blanc à voir et à revoir. A la fin du film est précisé: "Film tiré de la vie de John Merrick -Elephant man- et non de la pièce de Broadway ou de tout autre récit fictif". 
Une soirée riche en émotion, résultat quand j'ai voulu m'endormir je n'ai pas réussi, la pression s'est installée et tout c'est mélangé: les histoires des uns et des autres, les partiels qui approchent, le boulot, ... Il y a quand même, dans tous les cas, le plaisir de voir mon homme demain après midi. Et avec tout ça, je n'ai qu'une envie, celle de le serrer fort dans mes bras, de sentir sa chaleur, son odeur et de rester comme ça un bon moment. Même si c'est récent, je me dis que j'ai beaucoup de chance de l'avoir lui.